Les vertus cardinales, héritées de l'Antiquité grecque, sont un pilier de la psychagogie. Loin d'être de simples règles de conduite, elles représentent une excellence de l'âme (ἀρετή, aretè). Elles sont la voie par laquelle l'âme se perfectionne, s'harmonise et atteint sa pleine mesure.
Si Platon les concevait comme les qualités essentielles de l'âme, nécessaires à la bonne organisation de la cité intérieure, Aristote les voyait comme des habitudes de comportement (éthique de l'action), plus axées sur la pratique sociale. Cette divergence fondamentale est essentielle : l'approche aristotélicienne est une éthique de la conduite, tandis que l'approche platonicienne, reprise par les néoplatoniciens comme Salluste (Saloustios), est une éthique de l'être.
La chrétienté, en adoptant ces vertus, les a souvent transformées en injonctions morales, en devoirs à accomplir pour le salut. Cependant, la vision néoplatonicienne, en phase avec l'esprit de la psychagogie, voit les vertus comme un travail sur soi, un cheminement spirituel. Dans le sillage du Phèdre de Platon, il s'agit d'un perfectionnement de l'âme en vue d'une "ascension" vers le divin, une quête de l'unité et de la vérité intérieure.
La Prudence n'est pas la simple circonspection. C'est l'intelligence pratique, la capacité à discerner le bien et le mal, et à prendre la décision juste dans une situation donnée. C'est la vertu qui éclaire l'âme et la guide dans sa quête. Elle permet de se connaître et de comprendre les causes profondes de nos pensées et de nos actions.
Chaque soir, prenez un instant pour vous, loin de toute distraction, et écrivez dans un carnet. Notez une action ou une décision que vous avez prise dans la journée. Interrogez-vous :
Souvent réduite à la justice légale, la Justice est, pour l'âme, l'harmonie intérieure. C'est le fait que chaque partie de l'âme (anima, animus, rector, dæmon) tienne sa juste place. Elle symbolise l'alignement de l'être avec son propre idéal, sa vérité intérieure, et la justesse de ses relations avec le monde.
La Justice platonicienne n'est pas d'abord un idéal social, mais un état intérieur. Elle est le bon ordre entre les différentes parties de notre être. Quand notre âme est juste, notre raison commande, notre courage obéit, et nos désirs sont à leur place. L'injustice naît quand nous laissons nos passions prendre le pouvoir et désordonnent notre être.
Imaginez que vous êtes un citoyen d'une cité idéale. Vous avez un rôle : celui de l'âme qui gouverne. Dans les moments de trouble, d'émotions fortes, de fatigue ou de désir, demandez-vous :
La Force n'est pas la puissance physique. C'est le courage de l'âme, la persévérance et la résilience face aux obstacles, aux peurs et aux épreuves intérieures. C'est la vertu qui permet de surmonter la désillusion et l'acédie, et de rester fidèle à son cheminement, même quand le doute s'installe.
Chaque jour, choisissez une petite situation d'inconfort que vous imposez volontairement à votre corps ou à votre esprit :
La Tempérance est la maîtrise de soi, le contrôle des passions et des désirs. C'est la vertu qui permet à l'âme de ne pas être emportée par les pulsions. En pratiquant la Tempérance, l'âme atteint une forme de sérénité et d'équilibre, un état où elle peut mieux se consacrer à son perfectionnement. C'est une condition nécessaire à la Prudence et à la Force.
Installez-vous dans un lieu calme et concentrez-vous sur vos sensations. Choisissez un objet simple : une boisson, un morceau de pain, un souffle d'air sur votre peau.